L'industrie automobile chinoise se met au vert

Tarouilan (Admin) Mer 12 Nov - 1:11

L'industrie automobile chinoise se met au vert, mais généralisé à quelle époque ?
09.10.2008, 13:02 GMT

Les concepteurs automobiles chinois sont déjà parvenus à convertir les consommateurs locaux les plus intransigeants que sont les chauffeurs de taxi au marché naissant des véhicules hybrides.

« Les véhicules hybrides ont un rendement énergétique dont l'avantage n'est plus à prouver », reconnaît Yang Fusheng, chauffeur pékinois de taxi, pour lequel la période olympique vient également de se conclure, auprès de notre rédaction. « Le véhicule hybride Chery A5 que je conduis à présent, me permet d'économiser près de 2 litres sur un trajet de 100 kilomètres par rapport à ma voiture précédente, de modèle Fukang »

Chery Automobile Co Ltd. (ou plus simplement Chery), avait d'ores et déjà pris une longueur d'avance sur ses concurrents nationaux, avec son parc de 50 véhicules hybrides utilisés pour le transport des athlètes et des touristes lors des compétitions olympiques. M. Yang nous a également fait remarquer que ce véhicule possédait des systèmes de moteur et de contrôle remarquables, avantages de taille, auxquels vient s'ajouter l'économie de carburant. Grâce à la conception particulière de ce véhicule, celui-ci a également fait savoir qu'il pourrait économiser jusqu'à 1 500 yuans par mois (153,93 euros), ce qui lui permettrait d'épargner 20 000 yuans (2 054 euros) par an sur ses frais à la pompe.

Ces véhicules qui permettent à la fois de diminuer les émissions de polluants et de réaliser des économies d'énergie comportent deux systèmes d'alimentation : un système de stockage d'énergie rechargeable à bord ainsi qu'une rampe d'alimentation en carburant, employée pour la propulsion automobile. Ces transports ont été perçus comme l'avenir du secteur automobile. Une multitude de constructeurs se sont lancés dans leur développement, que ce soit les coentreprises Shanghai General Motors Co. Ltd. ou Guangzhou Automobile Co. Ltd., tout comme des protagonistes locaux tels que BYD Auto Co. Ltd., située à Shenzhen.

Selon Wang Hewu, maître de conférences au sein du Département d'ingénierie automobile de l'Université de Tsinghua, les véhicules à énergies nouvelles, que ce soit les automobiles hybrides, électriques ou à hydrogène finiront par supplanter les véhicules traditionnels à moteur essence ou diesel. Les lacunes en matière de fourniture d'énergie sur le plan mondial ainsi que l'envolée des cours du baril ont également accéléré le processus, a-t-il avoué.

L'universitaire a par ailleurs ajouté que les véhicules hybrides ont déjà pris les devants sur les autres véhicules à nouvelles énergies sur le plan de la pénétration de marché, car leurs technologies pondérées allient des moteurs à combustion et électriques. Une mosaïque de véhicules hybrides, destinés à différents groupes de consommateurs, est désormais disponible, a-t-il fait savoir.

L'avènement des véhicules hybrides

Les prémisses des voitures hybrides remontent à l'année 2006, lorsque la Toyota Prius fut pour la première fois commercialisée dans le pays. Cependant, son coût exorbitant, qui oscillait aux alentours de 300 000 yuans (30 829,61 euros) avait repoussé de nombreux acheteurs potentiels.

La version hybride de la Chery A5, qui constitue l'entrée de gamme de ce type de modèles en Chine, a connu un grand succès commercial. Ce modèle s'élève dans le pays, à un prix plus accessible : 100 000 yuans (10 276,56 euros). Les ventes florissantes des véhicules hybrides ont permis à Chery de devenir l'une des premières marques sur le marché chinois.

En matière de transports en commun, les grands bus hybrides ont également le vent en poupe dans le pays et grignotent de nouvelles parts de marché. Au mois de janvier, l'entreprise cantonaise Beiqi Foton Motor Co. Ltd. (Foton) dévoila ses 30 premiers bus hybrides, conformes aux normes EuroV, ce qui constitua un nouveau jalon pour l'industrie automobile chinoise. Le concepteur automobile a tablé sur des ventes annuelles au-delà de 500 unités d'ici à 2010 tout en spéculant sur une capacité annuelle de production qui atteindra 1500 unités d'ici à 2012.

Les aspirations de Foton, Chery et consorts pour le passage à l'hybride restent légitimes.

Un sondage en ligne mené en avril par TNS Inc., leader mondial des études de marketing et d'opinion, a révélé l'énorme potentiel du marché chinois des automobiles hybrides. Parmi les 1251 acquéreurs potentiels de véhicules hybrides interrogés dans 24 villes du pays, 76 % ont affirmé qu'ils étaient déjà familiarisés aux technologies des moteurs hybrides et qu'ils opteraient plus facilement pour des véhicules hybrides si leur coût était équivalent à celui des véhicules à essence et diesel. Le professeur Wang, de l'Université de Tsinghua estime pour sa part que le marché chinois des véhicules hybrides connaîtra une croissance rapide aux alentours de l'année 2010.

Le gouvernement prête main forte à l'industrie

Le gouvernement chinois a soutenu la recherche et le développement de véhicules utilisant de nouvelles énergies, soutien qui s'est reflété dans les mesures favorables promulguées en novembre dernier. Celles-ci encourageront les constructeurs nationaux et permettront l'adaptation du secteur.

Au mois de mai, la Commission pour le développement et la réforme (CNDR), donna le feu vert à la production de sept modèles de véhicules hybrides. C'est la première fois que les constructeurs furent autorisés à produire une telle variété de véhicules hybrides.

D'après Chen Quanshi, Directeur de l'Institut de recherche automobile de l'Université de Tsinghua, les véhicules hybrides sont devenus l'une des principales priorités du gouvernement car leur utilité est d'autant plus appréciée qu'ils permettent de faciliter la gestion du problème des pénuries d'énergie qui donne du fil à retordre à l'industrie automobile du pays. Bien que la Chine accumule un certain retard par rapport à des pays industrialisés tels que les Etats-Unis et le Japon pour le développement de véhicules diesel et essence, celle-ci se place sur un pied d'égalité avec ces derniers pour le développement technologiques pour moteurs hybrides, a précisé le chercheur.

Un coup de fouet pourrait être donné à la croissance du secteur si le gouvernement décidait de diminuer ou de supprimer l'impôt de 10% à l'achat d'un véhicule utilisant les nouvelles énergies, ce qui pourrait se produire à la fin de l'année dans le cadre des projets nationaux d'économies d'énergie. Un projet de loi est actuellement examiné par le CNDR.

Obstacles potentiels

Malgré ces nombreuses bonnes nouvelles, l'inquiétude persiste auprès des constructeurs nationaux en raison de la morosité des ventes. Un rapport publié récemment par le journal l'Observateur Automobile a fait état de la chute mensuelle des ventes de la Toyota Prius en juillet, qui stagnaient à 32 unités. Jia Xinguang, Directeur d'analyse auprès de la Société de conseil et de développement de l'industrie automobile, a imputé ces ventes ternes aux prix élevés de ces véhicules, qui restent hors de portée des porte-monnaie de la plupart des consommateurs locaux.

Les coûts élevés d'entretien et un service après-vente inégal ont également embarrassé les consommateurs, a-t-il surenchéri. Alternative naissante aux modèles traditionnels, les véhicules hybrides nécessiteront encore un certain laps de temps avant que d'être adopté par les consommateurs que ce soit en Chine ou au niveau mondial, à la fois sur le plan de la qualité et de la gamme de prix, a-t-il précisé.

Cependant, on estime généralement que l'industrie des véhicules hybrides ne deviendra résolument pas un pilier du marché automobile chinois d'ici aux cinquante prochaines années, car leur prix onéreux restera un frein à la croissance des ventes.

« Les prix ne peuvent pas être réduits davantage étant donné la présence de deux systèmes d'alimentation qui entraîne irrémédiablement un coût double », a fait savoir M. Jia.

Quand bien même le gouvernement réduirait ou exempterait de taxes les ventes de véhicules hybrides, leur prix resterait plus élevés que ceux des véhicules traditionnels, a reconnu l'analyste. Cela resterait inadmissible pour les consommateurs locaux, très attachés à leur porte-monnaie. Parallèlement, le niveau élevé des dépenses d'entretien, qui provient principalement de la pénurie de fournisseurs de pièces détachées pour ce type de véhicule a également bridé la demande, a avoué Zhang Chao, Directeur général de la concession automobile Zhonglian à Beijing, dans un article publié par l'Observateur Automobile. Combler ce retard en matière de fournisseurs de pièces détachées pour les véhicules hybrides est devenu le mot d'ordre, a jugé Zhu Jun, l'un des responsables du Centre technologique de Shanghai Automotive Industry Corp., lors d'un entretien avec le journal.

Son avis a été relayé par Chen Qingquan, Président de l'Association asiatique des véhicules électriques, qui évalue que la Chine doit poursuivre ses efforts afin de permettre la disponibilité sans faille de pièces détachées pour les véhicules hybrides et une meilleure qualité de batteries électriques pour ce type de véhicules. Jia Xinguang a estimé que les constructeurs locaux ne devraient pas s'attendre à un succès immédiat, dans le cadre de leurs efforts de promotion des véhicules hybrides. Il poursuivit en considérant que leurs efforts actuels constituent des préparatifs pour le développement et les ventes à venir. Plus ceux-ci puiseront à présent dans le développement des véhicules hybrides, plus les retombées seront positives à l'avenir, a-t-il conclu.

Rédigé par Lan Xinzhen Source: Beijing information